Note d'intention :
Mirabon et Dentelle est un travail où j’irai creuser dans les abysses de la femme clown. Une recherche sur le pourquoi du comment être belle, ne faire qu’un avec la dentelle, avec ce personnage « Mirabelle » qui n’a rien franchement pour elle.
Monter un solo est une belle preuve d’égocentrisme. C’est pourquoi je me pencherai sur mon parcours personnel en tant que clown, en partant de mes débuts où j’interprétais un petit bonhomme à l’univers sombre et grinçant, jusqu’à aujourd’hui (10 ans après) où je manipule, comme une marionnette, cette clownesse mi-panthère, mi-autruche, avec ou sans paillettes. Je souhaite élargir au maximum la palette de couleurs de ce personnage.
Des questions me viennent alors : Qu’est-ce qui est le pire pour ce clown ? Qu’est-ce qui l’activerait ? Où est-ce qu’en tant qu’auteur de ce personnage, je n’ai jamais osé aller ? Quelle est la plus belle prise de risque ? Après des années de réflexion, la réponse qui en découle aujourd’hui est : La Femme.
Il s’agit de trouver la femme qui est en elle. Jusqu’où peut-elle aller ? Cela implique impérativement des conflits internes. Mirabelle, comme la plupart des clowns, est maladroite. Alors quelle est la sensualité qui s’emmêlera avec cette maladresse ?
Je me pencherai aussi sur le sentiment de « la honte ». Je pense que la honte sera un des états principaux de cette expérience. Un état que je n’ai que peu exploité. Et puis, on a tous eu honte un jour d’exister, envie de se cacher, de pouvoir entrer dans un trou de souris…Le public doit pouvoir s’identifier au personnage. Le plus important avec cette honte, est simplement la prise de conscience que rien n’est grave et le tout est de savoir se relever avec dignité.
« On ne naît pas femme, on le devient », a dit Simone de Beauvoir.
Voilà un beau challenge pour Mirabelle.
Il y a aussi une envie de travailler sur le collectif. J’ai choisi comme grand thème : la solitude. Pourquoi ? Je trouve que plus on est de personne, moins on est entouré. L’effet de masse donne des relations moins intenses. Par exemple, en ville, la plupart des gens ne connaissent pas leurs propres voisins. Pour ce thème, j’ai choisi de personnaliser certains objets importants du spectacle afin de créer des partenaires de jeu comme le poney à bascule nommé « Danton », la bouteille de gnôle nommée « Thérèse », ou encore une machine à jambon nommée « Josette ».
Ces objets vont renforcer le caractère soliste du clown. Un désir de partager une chorégraphie collective au travers du solo. Mettre en action ses rêves pour se sentir un peu moins seule et activer à fond l’imaginaire collectif.
Pour finir, il y aura du fil, mais aussi du « quick change ». Cette méthode est pour moi, l’art et la manière de créer des fulgurances et nous amener à l’exploit. Nous installerons une promesse dramatique (ce que l’on promettra au spectateur). Nous laisserons le public s’installer tranquillement dans un univers et par le « quick change », nous le surprendrons et nous pourrons continuer sur l’évolution du parcours de ce clown, petit à petit, vers la « femme fatale ».
Équipe :
- Tite : Artiste
- Étienne Saglio : Ecriture
- Pierre Déaux : Directeur d’acteurs
- Alain Fabert : Dramaturgie
- William Thomas : Chorégraphie
- Gautier Gravelle : Lumière
- Nicolas Rodhain : Construction
- Émilie Lheureux : Costumes