Note d'intention :
L’ambition est de créer un spectacle de cirque danse et texte, associé à un volet actions culturelles. Une proposition artistique légère, pouvant être jouée partout (rue, salle, chapiteau…) pour aller au devant de tous les publics ici ou là bas.
La question de l’accessibilité de mes spectacles m’a toujours questionnée et c’est pourquoi, je veux aujourd’hui avoir la possibilité de me rendre auprès des publics les plus empêchés pour aller au bout de cette démarche de « démocratisation » de mes oeuvres.
L’oeuvre se créera donc autour d’une structure qui peut s’adapter à tous types d’implantation de jeu, que j’ai en tête depuis quelques années (et dont j’ai un prototype) sur laquelle j’ai déjà mené un laboratoire de recherche en 2015 avec 6 artistes (cirque, comédiens et danseurs).
Une sorte d’échafaudage ou de auvent fait de simples barres d’aluminium et colliers d’échafaudage qui créent un décor, un abris, un fond de scène et un toit à ces artistes qui sauront se servir de cette structure grâce à leurs disciplines respectives (acrobatie, voltige, parcours et danse), car ces barres permettent bien sûr de s’y accrocher, se porter, se balancer, sauter, et laisser tomber des choses et/ou des corps…
Ce sera leur écrin de ferraille pour se laisser voir à nu, au fond de leurs coeurs et de leurs cervelles : qui ils sont, pourquoi ils sont là ensemble, qu’est-ce qui les rassemble, qu’est-ce qui les oppose, de quoi est faite leur rencontre, qu’est-ce qu’elle soulève?
Hommes et femmes d’ici ou là bas, aux langues et corps différents.
Rassembler des artistes marocains et français est pour moi un objectif depuis longtemps. Ce projet crée une résonnance intime en moi qui suis française et marocaine. Cette richesse, cette dualité aussi a dicté beaucoup de choses dans mon parcours et je veux aujourd’hui aller encore un peu plus loin dans cette démarche.
Après avoir mené une première création « Koulouskout ou applaudis » en duo sur nos origines maghrébines, puis un quintet « Les yeux pour » avec 5 femmes artistes d’origines diverses sur cette question de la différence culturelle, puis une création avec 14 jeunes artistes de l’école nationale de cirque Shems’y au Maroc « Les fils du temps », puis une création avec 19 jeunes artistes de l’ENACR en France « Soyez libres, c’est un ordre », et enfin et surtout « A la manière des cigognes » avec 30 jeunes européens et marocains ensemble, je veux désormais aller plus en profondeur dans cette recherche, cette question sans fond, si riche, si belle, si actuelle, si nécessaire qu’est la construction de l’identité propre dans sa culture avec ses joies et ses effets pervers…
J’ai donc choisi pour cette recherche de faire appel à 4 artistes confirmés (dans les arts du cirque et du mouvement), engagés dans ce questionnement sensible et heureux de créer du contact, du lien de manière différente avec leurs publics.
Je n’ai ni la prétention, ni l’envie ni le pouvoir de donner une réponse à des questions souvent abîmées par les médias que sont « comment se construit une identité en lien ou en opposition à ce que lui dicte son entourage, sa culture, son époque?». Mais, pour l’avoir déjà tenté, je croies que laisser voir des parcours authentiques, des récits de vie qui s’opposent parfois sur un bout de scène, ou qui se répondent ou se complètent permet de se sentir touché par l’universalité des sentiments, des difficultés, des questionnements quels qu’ils soient et nous permet de renouer avec l’humanité avec un grand H, cette belle chose qui est censée nous réunir, faire que quelque chose se ressemble en chacun de nous, tout au fond.
Je parle donc d’une oeuvre brute et sensible, qui mêle la transpiration aux textes, le cirque au récit, la danse à la chute, la parole seule et à plusieurs, les corps différents emmêlés ou solitude sur le côté, une sorte de couleur humaniste, simple et touchante, dénuée d’artifices, qui laisse apparaître l’essentiel, ces corps et cerveaux ensemble, là devant vous, comme une évidence, une parenthèse enchantée, pendant laquelle les questions s’effacent, les méfiances s’oublient, et une nouvelle évidence surgit, celle de ne plus se demander si l’on peut vivre ensemble et juste laisser voir comme cela se fait, facilement, et non se réfléchit ou s’entreprend.
PEREZ SOPHIA
Équipe pressentie : (en cours de distribution)
Mise en scène : Sophia Perez
Chorégraphie : Karine Noël
Collaboration artistique : Amine Boudrika
Auteurs interprètes : Younès Essafi, Saïd Mouhssine, Colline Caen, Tom Neal.