Résidence de création en détail  


Raiemanta

Vouivres

du 18 juillet 2022 au 31 juillet 2022


La Vouivre correspond à une conception du monde et de la matière remontant à l’Egypte ancienne. La Vouivre n’est autre que le serpent d’eau, symbole du géomagnétisme. La terre est vivante, elle bouge, tremble et émet des ondes électromagnétiques mesurables à l’aide d’appareils de physique. Les Celtes représentaient ces forces de la nature par le dragon ailé, les Germains par la Vouivre (Wasserschlange) et les anciens Egyptiens par le serpent Apophis, symbole du raz-de-marée. Au Moyen Age, les architectes ont fait représenter des dragons ailés et des Vouivres en grand nombre sur les façades des cathédrales et plus particulièrement sur la base des piliers...

Face à cette légende qui fusionne serpent et dragon, il me plaît à penser que les contorsionnistes et leurs corps ondulatoires se rapprochent de cette figure. Tant par leurs mouvements que par ce qui s’en dégagent : attirance et frayeur. Aujourd’hui, la contorsion contemporaine peut se définir en langages hybrides, elle arpente tous les milieux d’art, les scènes de théâtre, d’opéra, de danse ... Cette légende nous offre la possibilité de s’accaparer la Vouivre comme l’ont déjà fait les femmes et les hommes avant nous.

Je souhaite proposer une expérience au spectateur, une plongée dans une allégorie aux quatre Vouivres de quatre artistes contorsionnistes homme et femmes. Un groupe d’individus-chimères solitaire ou social qui évolue le temps d’un spectacle. Je choisis de mettre en mouvement l’aspect corps-serpent de la Vouivre avec le langage de la contorsion en solo, duo, trio, quatuor. Le dragon ailé est traité par la matière sonore et les éclairages. J’invite à être présent en plateau Yves Rechsteiner organiste et son orgue mobile. L’orgue permet une immersion dans les partitions des musiques médiévales; un dialogue sonore s’installe avec les sons électroniques de Léo Plastaga. Les tuyaux de l’instrument et l’installation de l’orgue permettent une scénographie épurée et représentative des bords marécageux de rivières. La puissance vocale de l’orgue fait vibrer les peurs humaines face à l’insondable, aux croyances bestiales.

Vouivres habite l’espace scénique en développant son langage corporel fait de contorsions-torsions, danses et acrobaties. Tantôt solitaires, tantôt regroupées, les

Vouivres dévoilent toutes leurs palettes d’expression permettant à l’art de la contorsion contemporaine d’être distillé à vue d’oeil, pour en extraire son huile, son essence, et offrir un nouveau visage à cette discipline peu pratiquée.

Lise Pauton


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